BLAME ME ×
Vous l'auriez vu venir vous? Pas moi. Vu la famille que j'me tapais, le genre parfaite, bien friqué, sainte et intelligente avec un futur déjà tout tracé. J'étais la tâche de la famille, je le savais, mais je pensais pas finir de cette façon. Pourtant je n'avais rien demandé à personne, juste de la liberté. A croire qu'on ne peut pas être libre. Et j'ai quand même suivi cette voix, et voilà comment j'ai fini..."J'suis pas quelqu'un de bien, j'suis pas une belle personne. J'suis une sale bête, une bouteille de gaz dans une cheminée et j'vais finir par te sauter au visage si tu t'approches trop."
∞ Pourtant, j'avais de quoi avoir une belle vie. J'avais ce genre de famille clichée, riche et parfaite. J'avais une grande soeur, plus tard un petit frère, une mère avocate et un père architecte, tout deux exemplaires. Un beau futur se préparait pour moi, mais pour ça il fallait que je suive le mouvement de ma famille, et ça ça m'était impossible. Dès toute petite j'étais la petite chiante de l'école qui tirais les cheveux des jolies blondes parfaites toute gentilles et jetait des boules de papiers sur les intellos à lunettes, se bagarrait à la récré pour avoir le vélo, bref j'étais la sale gosse qui était toujours puni. Et ça a toujours été comme ça. On avait beau me punir de tout, je n'en faisais qu'à ma tête. Tous les cours bizarres que me payaient mes parents je les séchais. Equitation, français, cuisine... Tous ça m'ennuyait et ne m'intéressait pas. Et c'est quand j'ai commencé à affirmer mon style vestimentaire que les choses dans la famille avaient changé. J'avais un style masculin; tshirt large, baskets, jeans, les cheveux courts... Et ça, la famille n'aimait pas trop. Alors, d'abord j'ai vu ma tante me tourner le dos la première fois qu'elle m'a vu les cheveux coupés, puis mon oncle, mon grand-père... Comme je ne m'entendais pas avec mes cousines qui ne pensaient qu'aux princesses et aux barbies, elles aussi m'ont rejetées. Il ne me restait que mes cousins, ma grand-mère et ceux avec qui je vivais. Cela dit, ça ne m'empêchait pas d'avoir une vie tranquille, j'étais qu'une gosse après tout. Mais c'est arrivé à mes 14ans que tout à commencé à partir n'importe comment.
"Non j'ai braqué personne, planté personne, buté personne mais j'suis un voyou c'est comme ça qu'on dit tout simplement."
∞ J'avais pourtant remonté dans l'estime de ma famille, parce que ma passion pour la musique a commencé à cet âge-là. Ils m'ont payé des cours de piano et de guitare, et à côté, je chantais pour le plaisir. Dès cet âge, la musique est devenue une passion qui ne m'a plus jamais quitté, même aujourd'hui cela fait partie de moi, et c'est même grâce à cette passion que j'ai avancée dans ma vie dans les bons côtés. J'écoutais de tout; pop, reggae, rock, electro, metal... Mais mon style musical était tout de même spécial, et bien entendu, ça ne plaisait pas à la famille. C'était simple, pour eux Kurt Cobain était un ami du Diable, vous voyez le genre? D'ailleurs, ça aussi était un sujet tabou; la religion. Parce qu'eux étaient de bon chrétiens, et moi je ne croyais pas en dieu, je trouvais les religions ridicules et je ne le cachait pas, ce qui les rendait fous de rage. Mais ça, à mes grandes habitudes, je m'en fichais.
Au collège, j'avais un peu calmé mon sale caractère, je me découvrais tout doucement, et parfois ce que j'apprenais me surprenait un peu trop, alors je commençais à devenir de plus en plus timide et renfermée. Du fait que ma famille n'appréciait pas mon style, je m'en fichais, mais je me rendais compte que par rapport aux autres du collège, j'étais tout de même trop différente. La seule masculine qui portait des casquettes, baggys et avait des dreads, skateuse, qui fumait déjà des clopes. Je traînais surtout avec les mecs, et les filles me regardaient de travers, parlaient sur mon dos, et même si je faisais semblant de m'en ficher, j'avoue que parfois ça me touchait. "La chose", "le trans", "lesbo"... Ce dernier surnom par contre m'avait fait réfléchir. Déjà parce que je me faisais parfois draguer par des mecs avec qui je traînais et je les envoyais toujours boulet, et je n'avais jamais pensé ce que ça pourrait donner si je sortais avec une fille. Et en fait, en y réfléchissant, ça ne me dérangeait pas. En vérité, cette idée me plaisait... J'ai toujours été le genre de fille qui s'assumait jusqu'au bout, qui n'avait pas peur de dire les choses, mais là je dois avouer que j'avais peur, et que je l'avais gardé pour moi. L'homosexualité était jugée et mal vue au collège, et quant à ma famille... Je serais définitivement une enfant du Diable et je ne savais de quoi ils étaient capables face à un aveu pareil. Alors je l'ai gardé pour moi, ne le confiant qu'à mon meilleur ami qui l'avait parfaitement bien pris, me promettant de garder le secret. Mais arrivée au lycée, garder une telle chose en moi me rendait de plus en plus mal à l'aise, frustrée... Folle. J'étais de plus en plus perdue, et ce que j'en devenais n'était pas beau à voir...
Pourtant au lycée, les gens étaient un peu plus ouverts d'esprit, il y avait des gays qui s'affirmaient parfaitement, mais moi, je n'y arrivais pas tant que ça. Quand on me posait la question, j'hésitais à répondre, je le faisais en baissant les yeux alors que personne ne me jugeait. Au contraire, on m'acceptait plus qu'au collège, et c'est les amis qui j'ai pu rencontrer qui m'ont aidé à reprendre confiance en moi. Mais à la maison, ce n'était pas trop ça. Je ne pouvais pas les regarder dans les yeux, j'étais tout le temps enfermé dans ma chambre, le seul qui pouvait y entrer c'était le chien. Je paraissais bien, mais en réalité ça me rongeait. J'avais peur, trop peur. Je sortais le plus possible pour ne pas rester à la maison, je faisais de mon mieux pour oublier, et les moyens que je trouvais n'étaient pas réellement les bons. J'allais en soirée malgré mon âge, je buvais, fumait, plus que du tabac, et plus je prenais l'habitude plus j'allais loin. Drogues dures, nuits blanches, je rentrais souvent au beau milieu de la nuit, complètement bourrée, et parfois je ne rentrais pas du tout et dormais chez n'importe qui. Le seul truc positif, c'est que je passais plus pour une teufeuse qu'une traînée, parce que jamais ô grand jamais je n'avais couché. Pas parce qu'on ne voulait pas de moi, oh que non, mais parce que pour moi le sexe sans amour c'était pourri. Ahah j'étais jeune que voulez-vous, j'étais bête. Mais cela m'a tout de même permise de ne pas avoir une sale réputation. Cela dit, ça ne veut pas dire qu'on me voyait comme une fille saine d'esprit, je faisais partie des junkies du bahut et les profs me surveillaient, je n'étais pas vraiment l'élève model... Mais finalement, j'ai rencontré une personne extraordinaire. Une personne qui m'a fait remonter la pente, qui m'a donné une toute autre vision de la vie et m'a rendu heureuse à un point pas possible. Elle a changé ma vie dès lors que j'ai croisé son regard, et jamais je n'aurais imaginé qu'une personne pouvait nous changer d'une telle manière... Eden.
"J'ai besoin de toi comme d'une infirmière, que tu répares ma tête et mes sentiments qui fonctionnent plus bien. Que tu refasses mes stocks de sérotonine que tu me dises que c'est rien. Que tu passes ta main dans mes cheveux que tu prennes ma vie pour en faire quelque chose de mieux..."
∞ Au départ, je la croisais juste dans les couloirs et je me contentais de la regarder avec mes yeux qui brillaient et passait mon chemin sans rien dire. Une grande et belle rousse aux cheveux courts, du genre androgyne, qu'on confondait facilement à un mec, elle avait des traits fins parfaits et des yeux d'un bleu magnifique. Un style original mais tellement classe, et un aura attirante, intimidante et mystérieuse... Je n'avais de yeux que pour elle, mais j'étais tellement timide que je n'osais rien. Mais finalement, il y a eu ce jour que je n'oublierais jamais.
On s'était rencontré bêtement, alors que j'avais emprunté la salle de musique pour jouer de ma guitare, elle était entrée sans rien dire, l'air de chercher quelque chose alors pour faire la fille qui s'en fichait je continuais de jouer l'air de rien. Mais là, elle s'est assise face au piano, et a joué, m'accompagnant. C'était simple, mais tellement beau. Et à partir de là, nous nous sommes plus jamais séparées. C'est beau hein? Et bien ça l'était jusqu'au bout.
Elle était romantique, douce, adorable, une perfection. Dès lors qu'on se séparait, elle me manquait, j'étais accro à elle et vice-versa, on vivait un couple parfait. Et comme elle était plus saine et équilibrée que moi, automatiquement je m'habituais à son mode de vie et j'arrêtais toutes mes conneries. Elle m'aidait quand j'éprouvais un manque d'une certaine drogue, m'invitait plutôt chez elle plutôt que de venir avec moi à des soirées farfelues, j'avais même pu rencontrer sa famille, beaucoup plus décontractée et ouverte d'esprit que la mienne, ils m'avaient tous accueilli les bras ouverts, et ça me faisait un bien fou. C'est grâce à Eden si j'ai réussi à m'assumer complètement. Je traînais dans le lycée avec elle sans avoir honte, en étant même fière, j'étais juste aux anges. C'est elle qui m'a appris à m'accepter comme je suis, ne pas me mettre dans la merde pour ça et me laisser aller. Et j'ai vécu comme ça deux ans, m'habituant à être moi-même sans avoir honte, m'affirmant et devenant alors une fille beaucoup plus tranquille et à l'aise dans sa vie. Et puis j'étais heureuse, j'avais Eden, mes amis, j'étais claire dans ma tête et mon sang l'était aussi, tout allait bien. Mais il y avait toujours le même problème; ma famille ne savait rien de tout ça. Ils pensaient qu'Eden était ma meilleure amie, que j'allais souvent chez elle parce qu'elle m'aidait pour mes devoirs... Je mentais toujours pour cacher ma sexualité, mais il fallait bien qu'un jour je le dise. Mais j'ai tenu le coup pas mal de temps encore.
Quand je suis entré en dernière année de lycée, Eden elle, avait eu son bac et s'était trouvé du boulot; elle était entrée dans l'armée. Au début je m'inquiétais énormément de cette idée, mais elle rentrait toujours ses missions avec le sourire, alors je m'y étais faite. C'est avec elle que j'ai fait mon premier tatouage, le genre de tatouage cucul de couple, mais on avait trouvé quelque chose de classe alors j'ai accepté, et puis je l'aimais à un point pas possible. Lorsque mes parents j'ai été allumée mais bon, j'étais dans mon petit nuage ahah. Et puis un jour tout s'est écroulé d'un coup, du moins une partie. C'est à partir de là que les merdes ont commencé à tomber, quand j'ai atteint mes 18ans.
"Je pourrais te donner un million de bonnes raisons pour qu'on m'attrape, qu'on me casse les genoux et qu'on me cloue au pilori. Et si un jour on vient me chercher, j'résisterai pas je sortirai les mains sur la tête sans faire d'ennuis..."
∞ J'avais finir par prendre mon courage à deux mains, Eden m'avait convaincu et était là pour moi si jamais cela se passerait mal. Et heureusement qu'elle était là, parce que ça c'est bel et bien mal passé. J'étais rentré à la maison avec Eden et nous avions réuni tout le monde dans la cuisine pour parler, et puis j'ai lâché la bombe. "Je suis gay, Eden et moi sommes ensemble" Voilà ce que j'avais dit. D'abord, il y avait eu un long silence, puis ma mère est partie de la pièce sans rien dire. Après ce fut les hurlements de mon père, choqué et fou de rage, prêt à frapper Eden, alors que ma grande soeur et mon petit frère se mettait devant lui pour l'empêcher de nous approcher. C'était parti loin, très loin, et j'avais terminé la journée chez Eden, en pleur, épaulée par elle et sa famille. Le lendemain, lorsque j'ai voulu rentrer, la maison était fermé à clé, et personne ne m'ouvrait, j'avais beau sonner personne ne venait, et lorsque je passais un coup de fil, personne ne répondait. J'avais alors compris; j'étais banni. C'est après avoir passé quelques jours chez Eden que ma grande soeur était venu me chercher, m'invitant dans un bar pour tout m'expliquer. J'étais bel et bien viré, ils ne voulaient plus entendre parler de moi, j'étais mise à la rue, tout ça raconté par mon aînée, froide et indifférente à tout ça. Je ne pouvais pas la blâmer, nos parents lui bourraient le crâne avec leurs religions et leurs stéréotypes, si elle me défendait... J'ai donc été accueilli par la famille d'Eden, et puis j'ai eu des nouvelles de ma grand-mère qui m'avait appelé par téléphone. Jamais elle ne m'avait dit de tels mots aussi touchants. Elle m'avait dit qu'elle avait tout appris, qu'elle ne comprenait pas la réaction de ma famille. Elle avait tout le monde me tourner le dos, mais elle, elle m'aimait malgré mes différences, elle me disait qu'elle était fière de moi, que si j'avais besoin d'elle elle serait toujours là... Et elle était bel et bien là. C'est elle et Eden qui m'avait aidé, qui m'avaient reboosté. Elles m'ont trouvé Brunnel, m'ont aidé à faire ma candidature, m'ont motivé à continuer des études, j'ai alors choisi d'étudier l'art, dans la musique. Parce que c'était ma passion après tout. Et puis j'ai été acceptée. Les choses s'amélioraient alors pour moi, je suis entré à l'université, j'ai été plutôt bien accueilli et on m'acceptait pour qui j'étais, c'était cool. Du moins, ça l'était au début. Parce que la vie avait décidée de m'achever, de me donner un coup de couteau dans le coeur, comme ça, d'un coup. Parce qu'elle en avait envie je pense. De me détruire pour de bon.
"Tu l’entends ? Bien sûr que tu l’entends. Le murmure assourdissant et permanent qui espère te mettre à terre en te criant : « Essaie pas de refaire l’histoire, t’y arriveras jamais c’est trop tard, c’est baisé, c’est imprimé dans les mémoires "
∞ Je l'avais bizarrement senti, que cette mission sentait mauvais. Et j'avais raison. J'étais là quand les militaires avaient frappé à la porte, c'est sa mère qui avait ouvert et moi je m'étais caché derrière la porte pour écouter. Et puis on s'était toute les deux mise à pleurer, hurler de tristesse. Eden n'était jamais revenue de cette mission.
Ça m'a détruite jusqu'au bout, j'en pouvais plus. J'étais prête à crever. Elle était tout ce qu'il me restait, et désormais j'étais à la rue. Sa famille ne pouvait plus me garder, ma grand-mère aussi m'avait quitté quelques mois avant d'une crise cardiaque soudaine, tout ce qu'il me restait c'était Brunnel. Si je n'étais pas dans cette université, qu'elle ne m'avait pas offert une chambre, je ne sais pas où je serais aller, et faut croire que j'aurais bel et bien été sans abris... Face à tout ça, j'étais partie en couille, pour de vrai. Alcool, drogue, sexe, emmerdes... Je ne savais plus quoi faire de ma vie, je n'avais même plus de raison de vivre. Et puis, le jour de l'enterrement d'Eden, sa mère est venue me voir. Elle m'avait offert deux choses; le collier avec les plaques militaires de sa fille, et un boulot. Et les deux, je les avaient chéri, et je n'ai jamais su comment remercier cette femme. Elle était la patronne d'un restaurant, et elle m'avait fait commis de son cuisinier. Je faisais la vaisselle, les trucs bêtes en cuisine comme éplucher les oignons, faire les omelettes, préparer les pesées des ingrédients... Je m'étais mise à fond dans ce boulot et chaque mois, pendant 6 mois, j'avais ma paye. Elle m'avait sorti d'une merde pas possible, et aujourd'hui encore j'économise précieusement cet argent gagné qui est gardée au chaud dans un compte, retirant de temps en temps pour vivre. Cela dit, j'avoue que je m'en sert parfois pour divers tatouages et piercings, parfois aussi pour un peu d'herbe, mais généralement, j'essaye de m'abstenir de prendre dans ce compte pour de telles choses. Cela m'a aidé à remonter un petit peu, à trouver la motivation pour continuer mes études et alors pouvoir me trouver un boulot en rapport avec ma passion et avoir une vie meilleure. J'ai donc arrêté de sécher les cours, et j'ai repris ma vie en main. Même si malgré tout, il y ce vide énorme en moi, cette personne qui me manque sans cesse.
"Mais avant que ça arrive j'voudrais que tu saches que j'ai compris que je passe mes nuits entre cachetons et insomnies. Et que je vais me battre pour reconstruire un apprenti repenti et tant pis si ça me prend toute une vie."
∞ J'ai désormais 19ans, j'en suis à ma deuxième année à Brunnel. C'est un endroit plutôt posé et j'ai appris à y vivre. Les gens sont sympas et j'ai pu me faire des amis. Il est vrai que j'ai changé, je me laisse vivre tout en restant raisonnable. Je fume de l'herbe de temps en temps, mais c'est la seul drogue désormais, par contre j'ai jamais pu arrêter la cigarette. Je vais à des soirées, je bois, mais sans abuser non plus. Et puis je m'occupe des jolies filles qui auraient... Besoin de moi, m'voyez. Je suis beaucoup plus après les filles maintenant oui, beaaauuucoup plus, au point d'avoir une réputation de coureuse de jupons. J'ai eu quelques courts de coeur aussi avec qui je suis sorti pendant un petit temps, mais je n'ai jamais réussi à faire durer, pas parce que j'ai besoin d'aller voir ailleurs, mais plutôt parce que je me rend compte que je n'arrive pas à aimer la personne. Depuis Eden, je ne suis plus tombée amoureuse. Enfin, personne ne sait pour ma situation, j'ai tellement cette image de fille tranquille qui s'en fout de tout qu'on ne se doute pas de la merde que je cache derrière. Ma famille qui m'a banni, mon grand amour décédé, le fait que je sois pratiquement à la rue... Ça, je préfère le garder pour moi. Parce que je ne veux pas qu'on ai pitié de moi, qu'on me voit autrement, parce que ce n'est pas tout ça qui me défini. J'suis peut-être pas une personne parfaite, mais ce que je suis me convient parfaitement. C'est à prendre ou à laisser, tout simplement. Point barre.
MADE BY LIGHTLESS.TCHI