Un reportage, c’est bien beau tout ça mais sur quoi ? Le professeur nous a donné un devoir pour dans deux semaines hier et j’ai décidé que comme j’ai un peu de temps aujourd’hui après-midi, je peux en profiter pour commencer le reportage. Mais je bloque sur le thème. Tout allait bien jusqu’à ce que le prof me convoque à la fin du cours pour me dire quoi ? Que je ne pouvais pas faire mon reportage sur le féminisme, sur la condition des femmes ou sur tout ce qui touche à ce domaine ! Je ne sais pas comment il a deviné que j’allais faire ça, peut-être parce que tous mes devoirs sur un thème libre parlent de ça ? Bref, depuis hier, je réfléchis à un autre thème mais je reviens toujours à la même chose. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à être passionné par quelque chose !
Je suis dans ma chambre depuis la fin de mon dernier cours, penchée sur une feuille totalement blanche. Je soupire, j’ai pleins d’idées pour faire un reportage sur la condition de la femme à Londres, ça aurait été passionnant ! Je secoue la tête, il faut vraiment que je trouve autre chose. Je décide de sortir prendre l’air pour me donner des idées. Je prends mon bloc et un bic avant d’enfiler ma vieille veste en jeans au dessus de ma salopette et de sortir. Il fait un peu froid et je frissonne, hésitant à rentrer et oublier ce fichu reportage. Ma conscience gagne et je me dis que plus vite c’est finit plus vite je pourrais aller faire la fête.
Je marche un peu au hasard dans les rues de Londres, passant des quartiers les plus riches aux quartiers les plus pauvres. C’est ce simple changement qui me donne une idée de génie. Je pouvais toujours faire un reportage sur le contraste des quartiers dans Londres ! Je connais ça, moi qui ai vécu dans le plus pauvre quartier puis dans le plus riche à Phoenix. Je prends quelques « belles photos », interview certains habitants des deux quartiers que j’ai choisi et écris un début de petit texte que je réciterais plus tard chez moi en me filmant. Je suis contente et un grand sourire éclaire mon visage potelé. Je suis même un peu trop peu enthousiaste et finis par bousculer violemment une personne. Je me retourne en grommelant un léger pardon puis je m’arrête net. J’observe la jeune femme qui a un air si familier. Je la dévisage longtemps avant de me rappeler de qui elle est. Je l’ai rencontré quand j’étais encore à la rue… Je ne dis rien et continue de la fixée, paralysée sur place.
made by LUMOS MAXIMA
A Brunel U. depuis : 07/05/2015 Devoirs rendus : 348
Le regard perdu sur Londres, depuis la vitre de son appartement Juliet l’observe, elle aime de plus en plus cette ville, elle s’y identifie. On peut y trouver de tout, tellement de différences et de similarité, tellement de vie, tellement d’elle. Elle pensait en partant de Californie se retrouver dépeupler, seule mais elle avait trouver l’opposer, il lui fallait du temps encore pour s’y faire, pour ne plus voir Ian monter sur son lit le matin, croiser Eliza à chaque couloir, mais elle aime presque autant cette vie. Elle détache enfin ses yeux de la fenêtre et se décide à sortir. Avant d’ouvrir la porte son regard se pose sur un miroir, elle passe la main sous ses yeux comme pour effacer les cernes qui se sont formés au fil des nuits, elle repositionne ses cheveux, attrape un manteau et sort dans le froid des rues de Londres. Elle sort ses écouteurs de sa poche et les positionne sur ses oreilles. Quand la musique commence sa tête se balance légèrement bercée. Une mèche brune tombe sur son visage, elle la remet rapidement derrière son oreille avant de replonger ses mains dans son manteau, la sensation de chaleur regagne presque immédiatement son corps. Elle attrape rapidement un bus qui l’emmène se balader dans Londres. Quand elle bus s’arrête, près de East London, elle sort en vitesse impressionnée par la beauté et la diversité de ce lieu.
La tête dans les nuages, les écouteurs toujours coincés dans ses oreilles, elle se balade le sourire aux lèvres. Alors que ses yeux sont rivés vers son téléphone, elle sent un choc dans son épaule droite. Elle lève ses yeux pour s’excuser mais aucun mot n’arrive à sortir de sa bouche. Mais que fait elle ici ? Comment ? L’incompréhension se lit sur son visage, mais elle balbutie tout de même de peur de ne pas être reconnue : « Toi ? ». Les mots prononcés elle regrette son manque d’éloquence et se demande si son interlocutrice va la reconnaitre.
La jeune femme m'a visiblement reconnue car nous nous dévisageons l'une l'autre pendant de longues minutes. Je ne pensais pas la revoir un jour, je suis certaine qu'elle m'a aussi reconnue quand elle dit "Toi?", je ne la quitte pas du regard, trop stupéfaite de la croiser ici à Londres. Je secoue un peu la tête, il faut que je me reprenne un peu. Des centaines de questions se bousculent dans ma tête et je pourrais toutes les lui poser en un seul coup mais je sais que ce n'est pas la bonne solution. Merci à mes cours de communication (pour une fois), qui m'ont appris qu'il ne faut poser qu'une question à la fois pour éviter de submerger l'autre personne et qu'elle ne sache pas répondre. Je la regarde avec des grands yeux et prends mon temps pour choisir la première question que je vais lui poser.
-Qu'est-ce que tu fais ici?
Aïe, je viens de la tutoyer... Je fais une petite grimace, c'est la règle un de l'interviewer: Ne jamais tutoyer la personne interrogée, c'est très impoli. M'enfin, ce qui est fait est fait, je ne vais pas revenir là dessus et j'attends juste sa réponse. Je ne l'ai vue que deux ou trois fois dans ma vie mais je ne l'oublierais jamais. J'étais encore à la rue et elle était venue en Arizona en tournée pendant un week-end. Elle m'avait un peu aidée et m'avait même apporté de quoi manger, je ne l'avais plus revue depuis alors imaginez ma surprise de la croiser ici! Le hasard fait plus ou moins bien les choses, je me demande comment elle m'a reconnue. A l'époque, j'étais d'une maigreur affreuse, j'avais la peau sur le os alors que maintenant, je suis en surpoids. Prendre du poids peut changer le visage d'une femme! Par contre, je trouve qu'elle n'a pas vraiment changé, je n'ai aucun mal à reconnaître celle qui l'avait aidée il y a déjà plusieurs années. Cependant je ne me souviens plus de son prénom. Je ne sais même pas si elle me l'avait dit quand nous nous étions rencontrées... Encore une question en plus, j'attends sa réponse et me dis que je lui en poserais d'autres après.
made by LUMOS MAXIMA
A Brunel U. depuis : 07/05/2015 Devoirs rendus : 348
Après un moment de réflexion, la petite Agathe qu’elle avait connue lui pose une question : -Qu’est-ce que tu fais ici ? Quand elle entend sa voix, tous les souvenirs de sa vie en Arizona reviennent, quand elle passait devant la petite fille frêle assise par terre, elle avait voulu l’accueillir chez elle mais à l’époque ses colocataires avaient refusé, pratiquement chaque soir elle lui apportait de quoi manger. Elle avait changé, pris des formes, elle était encore plus jolie qu’à l’époque, elle avait l’air heureuse et épanouie. Que faisait-elle là ? Par quel hasard c’étaient elles retrouvés à l’autre bout du monde ? Par quel hasard étaient-elles là dans la même rue ? Tout se bousculait dans sa tête.
-Je vis ici, lui sourit-elle. Enfin depuis quelques mois. Et toi ? Tu as tellement changé ! Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse de te voir ! Son visage se disputait deux émotions, la joie et l’étonnement de revoir Agathe, elle affiche sur son visage un grand sourire, elle remonte la mèche farouche derrière son oreille et se décale sur le côté de peur de gêner les passants. En attendant sa réponse elle regarde la rue où elles se trouvent, ses maisons londoniennes l’ont toujours fascinés. Juliet trouvait que les Anglais avaient beaucoup plus de talent que les Américains.
J'ai toujours un peu de mal à me dire que c'est vraiment cette jeune femme qui m'avait aidé il y a quelques années. Je me souviens de cette époque comme si c'était hier, les pires mois de toute ma vie. Je mendiais toujours pour récolter de quoi m'acheter un peu de pain, je vivais au jour le jour sans penser à mon avenir, juste à si j'aurais assez à manger pour demain. Et puis elle m'avait aidé, elle était venue habiter un petit temps en Arizona et venait tous les jours me voir. Elle ne faisait pas comme les autres passants qui me jetaient des pièces sans aucune gentillesse. Non, elle, elle me nourrissait chaque soir et restait parfois pour me tenir compagnie. Inutile de vous dire que ça me faisait du bien puisque j'étais seule le reste du temps. Je n'avais jamais pu la remercier comme il se devait puisque je n'avais rien mais ça ne la dérangeait pas, elle avait le coeur sur la main. Quand elle me réponds, j'ai un sentiment apaisant qui se répand en moi, elle a une voix douce et agréable, sa voix n'a pas non plus changé... Elle fait un pas sur le côté et je fais de même encore ébahie de l'avoir retrouvée ici. Je lui offre un grand sourire de ceux que j'ai toujours eu même dans les pires moments.
-Je suis venue étudier dans une université ici pour me changer de l'air de Phœnix! Je ne m'attendais pas à te revoir un jour ça me fait vraiment plaisir!
Mon sourire s'agrandit et je me demande une nouvelle fois comment elle s'appelle, ca m'énerve d'avoir oublié un détail si important! Je n'attends pas une seconde de plus et lui pose la question, c'est peut-être étrange mais je préfère lui demander maintenant.
-Comment est-ce que tu t'appelles? Ma mémoire me joue des tours et je ne me souviens plus de ton prénom!
Je rie tranquillement, je devrais avoir honte mais ce n'est pas le cas, ça fait longtemps que je ne fais plus attention à ce que les autres pensent de moi!
Accueil
