TURN YOUR FACE TO THE SUN AND LET THE SHADOWS FALL BEHIND YOU.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été heureux dans ma vie.
Je suis né en Nouvelle-Zélande, dans la ville d’Auckland, d’une mère suédoise et d’un père néo-zélandais qui restera inconnu à jamais. Mes parents n’étaient pas mariés à cette époque et en venant au monde, j’ai pris le nom de ma mère : Lindbergh. Nous ne vivions que tous les deux, et il en fut ainsi durant deux petites années avant qu’elle ne fasse la rencontre de James Matheson, qui deviendra mon père adoptif.
J’ai de suite aimé James, sans doute parce que j’avais besoin d’un père, d’un modèle masculin dans ma vie et il faut dire que lui-même m’aimait beaucoup. En voulant ma mère dans sa vie, il avait vite comprit qu’il devrait vivre avec moi également et il semblait en être très heureux. Il ne se forçait nullement et je garde précieusement ces moments dans mes souvenirs.
Ils se marièrent deux années après leur rencontre, et l’année suivante, Dylan vint au monde. J’avais cinq ans à cette époque, et j’étais très heureux à l’idée d’avoir un petit frère. Cela manquait clairement à notre famille. Je savais que James m’aimait comme si j’étais son propre fils, je portais désormais son nom, mais il voulait un fils qui soit de lui et aujourd’hui encore, je le comprends très bien. Pour autant, il ne fit jamais aucune différente entre Dylan et moi. Il nous aimait de la même manière et rien pour que ça, je lui en serai éternellement reconnaissant. Grâce à lui, et à l’amour de ma mère, je ne me suis jamais senti différent des autres parce que je n’avais pas de père « biologique ».
Trois années après la naissance de Dylan, vint au monde la petite dernière : Wendy. En tant que bonne petite dernière, elle avait la place de choix, celle de la privilégiée, et cela ne me dérangeait en rien. J’avais déjà huit ans et je me passionnais pour des choses qui ne réclamaient pas vraiment l’attention de nos parents : tant que j’avais mes carnets à dessins, des crayons et de l’imagination, j’étais heureux et parfaitement à l’aise dans ma petite bulle.
L’année de mes onze ans, mes parents prirent la décision de quitter la Nouvelle-Zélande et c’est ainsi que l’on posa nos affaires à Londres. Cela me semblait bien trop différent et je n’y étais pas très à l’aise. Les paysages d’Auckland me manquaient beaucoup trop, je ne comprenais pas pourquoi ils voulaient à tout prix qu’on vive à Londres, alors que mon pays natal me semblait bien mieux et beaucoup plus beau. Ici, tout semblait trop différent et j’eus beaucoup de mal à m’adapter et à me faire une place parmi les autres enfants de la rue et de l’école.
Les années passèrent, tout allait au mieux. Finalement, j’avais réussi à me faire à cette vie, même si une partie de moi voulait toujours ma ville natale. Mais je m’y faisais, je n’avais pas tant le choix. Et puis, j’avais des projets plein la tête, je savais que je reverrais mon pays. À dix-huit ans, peu après l’obtention de mon diplôme de fin d’études, je pris la décision de suivre des cours par correspondance afin de pouvoir faire un tour du monde en solitaire. Mes parents n’avaient pas compris pourquoi, mais ils ne s’y étaient pas opposés, sans doute conscients que j’en avais besoin et qu’il en allait de mon équilibre.
Je pris alors la route avec un peu d’argent à disposition, mais je ne voulais pas en disposer de trop. Je voulais faire un travail dans chaque ville afin de gagner de l’argent et pouvoir me payer une chambre d’hôtel et manger un minimum. Je me savais débrouillard, je n’avais aucune crainte à ce propos. J’avais toujours eu cette âme aventurière et elle ne me quitterait pas de si tôt.
Ces expériences ne furent pas toutes bonnes, malheureusement. Mon chemin avait croisé celui d’une jeune femme qui, comme moi, avait besoin de prendre du recul avec la vie et avait choisie de faire le tour du monde – ou presque -. On s’était naturellement lié d’amitié, comme si cela semblait évident. J’étais parti seul, et voilà que je me retrouvais avec une autre personne que j’appréciais beaucoup. Et à cette époque, je pensais que c’était suffisant. C’est sans doute à cause de cette proximité qu’on s’est autant rapproché et que nous avons fini en couple. Je l’aimais. Du moins, c’est ce que je croyais à l’époque. Il faut dire que je ne voyais qu’elle à longueur de temps et… je l’ai demandé en mariage. Ouais, à tout juste vingt-deux ans, on est encore un stupide gamin.
Exceptionnellement, je remis les pieds à Londres afin d’épouser Ely. Je ne pouvais pas faire un mariage sans tous les membres de ma famille. Ils semblaient tous très heureux et ils pensaient certainement que ça durerait mais… ce ne fut pas franchement le cas. Ely voulait se poser, elle n’en pouvait plus de l’aventure tandis que moi, je n’avais pas terminé. Je n’étais pas allé jusqu’au bout et il était impossible que je renonce. Je gérais parfaitement ma vie en faisant le tour du monde tout en faisant mes études, alors pourquoi n’aurions-nous pas pu gérer notre mariage sur les routes ? Les premiers fois furent magnifiques, c’était génial… Mais les suivants furent les pires de ma vie. Au final, notre mariage ne dura que deux années, dont la moitié d’une prise par la procédure du divorce. C’est promis, on ne m’y reprendrait plus.
Mon tour du monde prit fin en Asie, dernier continent que je voulais le voir, celui qui me tenait le plus à cœur. J’étais heureux là-bas, j’y suis resté assez longtemps, mais bien moins qu’en Amérique du Sud. Au final, ce qui me ramena à la maison fut un appel de ma mère qui m’annonça que Wendy souffrait d’une leucémie. Je n’avais pas perdu beaucoup de temps avant de faire mes valises, me prendre un billet d’avion et rejoindre la ville de Londres.
J’avais réussi à faire ce que je voulais durant mon voyage : j’illustrais des livres pour enfants, je peignais et j’avais passé un concours pour être prof d’arts plastiques, mais jamais encore je n’avais exercé puisque je ne savais pas à l’époque où je voulais le faire… Finalement, c’est le destin qui prit la décision à ma place en me ramenant auprès des miens en Angleterre. Aujourd’hui, je n’envisage pas de repartir parce que je sais qu’ils ont tous besoin de moi, que ce soit financièrement que pour les soutenir au fil des jours. Et surtout, je ne me vois pas abandonner ma petite sœur qui a besoin de moi plus que jamais.
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